Le lac Titicaca, un nom qui fait rêver... Et bien ça y est, nous y voilà à naviguer sur ce lac le plus haut du monde, à 3812m d'altitude exactement. En fait la première vision du lac n'est pas très séduiante, c'est plutôt sale et boueux... Il faut s'éloigner en bateau pour que le charme agisse sur ce lac mesurant 175 km de long et couvre 8000 km carré, lac situé à la fois au Pérou et en Bolivie. C'est le côté péruvien que nous découvrirons lors de cette excursion de deux jours qui nous mènera aux îles Uros puis jusqu'aux îles Amantani et Taquile.
Que d'aventuriers, à l'image du commandant Cousteau en 1970 (qui ne trouva rien, mais peut-être car il s'est contenté de fouiller une toute petite partie du lac) n'ont pas rêvé au trésor qui, selon la légende, dormirait au fond de ce lac, trésor déposé ici par les Incas au seizième siècle... Lorsque Francisco Pizarro, le colonisateur espagnol, captura l'empereur inca Atahualpa en 1532, il lui promit la vie sauve en échange d'une quantité d'or et d'argent colossale capable de remplir la pièce du prisonnier, soit 35m carré de surface sur une hauteur de 2m... Sur les ordres de l'Inca l'or fut acheminé de tout le pays mais, lorsque les marins apprirent l'exécution d'Atahualpa, ils comprirent que Francisco Pizarro n'avait pas tenu parole et, de colère, jetèrent le trésor dans les eaux du lac...
Une histoire qui fait rêver... tout comme les paysages que nous apercevons bientôt et qui semblent sortis d'une autre légende. D'abord ce sont des bateaux de roseaux qui voguent vers nous, par dizaines, tenus par des hommes aux costumes colorés semblant sortis droit d'un roman d'aventures...
Puis des îles en roseaux flottants sur lesquelles des femmes en jupes colorées nous font de grands signes, bienvenus aux îles Uros, certainement l'un des lieux les plus surprenants du Pérou...
Nous accostons sur l'une des 40 îles qui composent les Uros, chacune étant ouverte à tour de rôle au tourisme. Effectivement aujourd'hui ces communautés vivent en grande partie du tourisme et de la vente de leur artisanat, du moins les femmes. Les hommes, quant à eux, partent souvent travailler à Puno la journée. Que ce doit être étrange et frustrant de quitter cet environnement pour aller travailler en ville...
Deux milles personnes vivent encore ici, tentant difficilement de conserver leurs traditions tout en s'ouvrant au tourisme. Etrange sensation que de poser les pieds sur les roseaux flottants, appelés la totara, cette épaisse couche compacte qui compose le sol des îles. Mais rassurons-nous, c'est du solide, plus de 3m d'épaisseur ! Toutefois ces îles ne sont pas totalement flottantes puisqu'attachées à l'aide de poteaux d'eucalyptus. Tout est en roseau ici, les maisons, les huttes, les barques et même les souvenirs bien sûr !
Les enfants jouent auprès de leurs mères et nous offrent des contacts spontanés et géniaux ; les couleurs éclatent entre les habits traditionnels et le bleu du lac et du ciel. L'électricité est arrivée il y a peu, du moins les panneaux solaires qui permettent aux habitants de s'éclairer. Auparavant tout se faisait à la lueur de la bougie mais, étant donné l'environnement très facilement inflammable, ce n'était pas sans risques et les accidents provoqués par les enfants notamment étaient fréquents.
Plus qu'à espérer que le tourisme permette à ces communautés (en fait il n'y a plus aucun Uros puisque ce sont les Indiens Aymaras qui se sont installés ici en 1959 suite à la mort de la dernière Uros) de maintenir leurs traditions sans les dénaturer, car il y a déjà bien du monde et cela peut-être dévastateur. Qu'en sera-t-il dans 15 ans ? 30 ans ?
Déjà on sent les méfaits du tourisme, le petit tour en bateau qu'on vous propose sur un bateau... pas complètement en roseau à y regarder de près...
N'ampêche, quel dépaysement d'être ici à rencontrer ces personnes dont la vie semble s'être arrêtée à une autre époque... Nous accostons quelques minutes sur une deuxième île assez identique à la première.
Il est tant de repartir, des images plein la tête et accompagnés par le champs d'adieu des femmes qui nous font de grands signes de la main (d'accord, ça sonne un peu faux, mais c'est sympa quand même...).
Après cet arrêt plus que dépaysant, nous reprenons notre navigation sur le lac Titicaca en direction des îles Amantani.