C'est parti... pour un trajet d'un peu plus de 7h à travers le Guatemala, un voyage parmi les montagnes et la végétation luxuriante, rempli de secousses et de visages d'enfants nous souriants et agitant la main lorsque nous traversons leurs villages, jusqu'à arriver à Semuc Champey, le bout du monde.
Les heures passent vite tant nous sommes absorbés par les paysages qui défilent et il faut dire que les nombreux virages et la route cahotique n'empêchent pas le chauffer de rouler à fond.
Après Coban, nous quittons peu à peu la civilisation pour pénétrer plus profondément encore dans les montagnes recouvertes de végétation tropicale. Autour de nous, des paysages à couper le souffle : des couleurs verdoyantes, le calme absolu et, parmi les bananeraies, pantations de cafés et cacao, quelques rares hameaux ketchis isolés où se tiennent de petits marchés colorés.
Plus loin, la route cahotique cède la place à un chemin de terre complètement défoncé et nous avons encore plus le sentiment d'avoir été transportés dans un autre monde, une autre époque. Venir jusqu'ici est une expérience authentique et fabuleuse, un véritable voyage dans le voyage...
Bientôt apparaît LanquÃn, petit village perdu ici en pleine nature, où l'on se sent bien. Nous trouvons une chambre très rudimentaire (un lit, rien de plus !) au milieu de paysages bucoliques, des poules et coqs (réveil matinal guaranti !), bercés par le bruit de la rivière toute proche.
Dommage que ce petit hôtel n'héberge quasiment que des touristes, mais le village, habité uniquement par les locaux quant à lui, est heureusement tout proche. Nous y mangeons une cuisine simple et délicieuse dans une petite cantina familiale où les femmes s'activent aux fourneaux dans une antique cuisine pendant que leurs enfants nous regardent d'un air amusé.
Le lendemain, c'est une nouvelle aventure qui commence... Nous grimpons à l'arrière d'un pick-up et, alors que nous pensions avoir atteint le bout du monde, nous nous enfonçons vers des terres plus isolées encore. C'est une véritable expédition, le chemin de terre est quasiment impraticable et, debout au milieu de la poussière qui vole, nous nous accrochons comme nous pouvons... Franchement, on adore ! Semuc Champey est une destination magnifique pour se laisser pénétrer par l'ambiance qui règne dans les terres guatémaltèques profondes et sauvages et pour partir à la rencontre des peuples mayas qui y vivent...
Perdues au milieu de cette jungle s'étendent les cascades de Semuc Champey, que nous découvrons depuis le haut après une courte (1 heure quand même !) mais raide montée jusqu'à l'observatoire. Un site qui dégage une grande pureté...
Les vasques remplies d'une eau turquoise transparente s'étendent sur une centaine de mètres environ avant que la rivière n'aille se perdre dans la jungle.
Nous redecendons et rejoignons l'amont des chutes, observant la maniére dont l'eau s'infiltre sous de la terre pour réapparaïtre sauvagement plus bas et s'écouler dans de belles petites chutes.
L'eau est fraiche mais c'est un plaisir de s'y plonger après la marche, un vrai oasis de fraîcheur ! Le site est très sauvage, préservé, calme...
Nous y croisons des voyageurs mais surtout de nombreuses familles guatémaltèques venues pique-niquer et passer la journée ici. Les enfants, ici comme partout au Guatemala, sont très nombreux. Semuc Champey, c'est une grande bouffée d'air pur et d'authenticité...
Plus tard, nous cherchons un pick-up ou un bus pour redescendre (sinon c'est 10 km à pied tout de même, et ça grimpe !). Un pick-up propose de nous déposer et, quand nous croiserons ce qui fait office de bus local, nous en serons plutôt contents ! Nous sommes déjà très serrés à l'arrière du pick-up mais dans le "bus" c'est tout bonnement inimaginable, les Mayas de la région n'ayant, pour la plupart, que ce moyen de transport peu fréquent pour se déplacer.
Le village de LanquÃn se prépare à faire la fête ce soir, les gens cuisinent, l'ambiance est détendue, les habitants nous renseignent aimablement sur les environs et moyens de transports locaux. Vraiment, on aime beaucoup les guatémaltèques, des gens serviables, curieux et ouverts sur l'extérieur. Seuls les gamins, parfois, nous traitent discrètement de "gringos" (terme péjoratif pour désigner les étrangers) mais on ne peut pas leur en vouloir !
Le soleil est toujours présent, nous en profitons pour faire un petit plouf dans la rivière avant de prendre la direction des grottes de LanquÃn.
Nous nous y rendons là -encore en pick-up mais le chemin est moins cahotique ! L'intérieur de cette cavité creusée par une petite rivière d'un bleu aussi profond que celui de Semuc Champey est rempli de milliers de stalagmites et stalagtites.
Nous pénétrons jusqu'au fond de la grotte, jusqu'aux lieux où se déroulaient, autour du feu, les sacrifices mayas (d'animaux domestiques uniquement). Dans la semi-obscurité et la froideur de la grotte, nous imaginons la scène sans difficulté et quelques dents sont encore là pour nous convaincre, si besoin était, de la véracité de ces sacrifices !
Aujourd'hui, les Mayas effectuent encore en de rares occasions quelques rituels dans la grotte. Mais la plupart du temps elle est laissée aux araignées et aux chauve-souris... On y rencontre d'ailleurs des spécimens d'araignées, énormes et exclusivement cavernicole. Superbes !
Vers 18h, les lumières qui éclairent faiblement la grotte s'éteignent et commence alors un spectacle inoubliable, des milliers de chauve-souris s'envolent par l'unique entrée de la grotte. Éclairés uniquement par les flashs des appareils photos et dans un silence absolu, nous observons ces milliers d'ombres qui nous frôlent sans jamais nous toucher et s'enfuient en un flot continu vers le monde extérieur. Nous ne repartons qu'à la nuit complètement tombée, après que tous les habitants de la grotte n'en soient partis...
Mais la journée n'est pas finie puisque ce soir c'est le 31 décembre et nous comptons bien arroser l'arrivée de la nouvelle année comme il se doit. Nous passons la soirée à l'hôtel où un barbecue est organisé. La soirée est agréable, bien arrosée et nous sympatisons avec deux autres voyageuses. Au final, une soirée presque habituelle pour un 31 : des rencontres, de l'alcool, de la musique et même un feu d'artifice artisanal version guatémaltèque (ça donne !) ! De quoi commencer agréablement l'année.
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Le lendemain aussi ressemble à un premier janvier en France... une bonne gueule de bois au réveil ! Le bruit de la pluie nous pousse à rêvasser, installés devant notre petit bungalow... Tout fonctionne au ralenti aujourd'hui (pas de bus, tout est fermé) et le temps est propice à la nonchalance, à l'écriture et à la sieste. LanquÃn est l'endroit idéal pour prendre le temps de s'arrêter d'avancer l'espace d'une journée, se ressourcer dans la nature et reparcourir en pensée tout le chemin parcouru ces quatre derniers mois, tous ces moments de bonheur... On se dit que si 2008 est une aussi belle année que 2007 l'a été pour nous, on sera comblés...