Pour rejoindre Cusco depuis Puno, nous avons choisi la compagnie Inka Express (il y en a également d'autres) qui propose un bus touristique tout confort et surtout un itinéraire incluant plusieurs arrêts pour visiter les sites les plus intéressants situés sur la route. D'accord, pas très routard tout ça, mais on trouve l'idée originale et c'est agréable de pouvoir s'arrêter dans ces lieux qui méritent le détour.
Normalement 5h de trajet séparent Puno de Cusco mais, compte tenu des arrêts, nous mettrons environ neuf heures. Au revoir Puno et le lac Titicaca, mais sans regrets puisque la prochaine étape, aux portes du Machu Picchu, devrait également nous séduire ! Nous traversons Puno et Juliaca, villes qui semblent en éternelle construction puisque quasimment toutes les maisons sont en travaux. Cela s'explique par la pauvreté d'une part (les gens rajoutant des étages quand ils le peuvent) mais surtout par le fait que tant qu'une maison n'est pas terminée, les propriétaire ne paient pas d'impôts. Rien d'étonnant alors à ce que les travaux se prolongent indéfinimment !
Après Juliaca, citée du textile bon marché et du faux, nous voici dans la campagne, retrouvant les paysages magnifiques de l'Altiplano : la végétation principalement composée de touffes d'herbe jaune, les troupeaux d'alpagas et de lamas, les maisons isolées en pierres...
Puis voici le premier arrêt, le musée de Pukara dédié à la civilisation pré-incas Pukara qui s'étendit de l'an 500 av.J.C. à l'an 400 ap.J.C. dans une bonne partie du Pérou. Cette civilisation vénérait déjà les trois mondes Incas que sont celui des Dieux (symbolisé par le condor), de la Terre (que représente le puma) et des morts, des momies (le serpent en étant le symbole) ainsi que la Pachamama, la Terre-Mère qui protège la nature et les cultures. Ces traditions sont encore suivies actuellement par les Indiens du Pérou qui offrent à la Pachamama, afin qu'elle les protège, le meilleur de leur culture. C'est d'ici également que viennent les "torito de Pukara", ces boeufs symboles de robustesse que l'on place, par superstition, au-dessus des maisons nouvellement construites afin de s'attirer la chance pour les récoltes et la fertilité.
Environ une heure trente plus tard, nous nous arrêtons au point le plus élevé du parcours, La Raya, point de vue situé à 4335 mètres d'altitude tout de même ! La vue sur les montagnes qui nous entourent et culminent à plus de 5900m est très belle.
En redescendant, les paysages se font un peu moins secs, la végétation et les cultures plus présentes.
Après un arrêt pour déjeûner (dans un restaurant exclusivement réservé aux cars de touristes de passage !), nous arrivons au site le plus connu et le plus intéressant de la route, le complexe archéologique de La Raqchi, où nous sommes accueillis par de nombreuses Péruviennes qui vendent ici leur artisanat, la ville étant réputée pour ses poteries.
L'élément central du site est le temple Viracocha, temple qui mesure 12m de haut et dont les ruines sont encores assez bien conservées. Il s'agit du premier temple Inca que nous observons, et, tout comme au site funéraire de Sillustani, nous ne pouvons qu'admirer l'architecture des Incas, les pierres taillées avec tellement de précision qu'elles s'emboitent parfaitement entre elles. La plupart des pierres utilisées ici par les Incas sont d'origine volcanique puisque trois volcans se situent non loin du site.
Le site de La Raqchi a été construit dans un but religieux mais aussi à des fins poilitiques et militaires (le mur qui entoutre toute la cité atteste qu'il s'agissait d'une cité militaire), la position géographique du site, idéalement situé entre le sud du pays et la capitale, Cusco, permettant ainsi de surveiller et d'empêcher le passage des troupes ennemies venant du sud.
A proximité passe également le chemin de l'Inca, chemin long de plus de 2000 km qui mène jusqu'à la capitale des Incas, Cusco.
Nous sommes tout proches de Cusco désormais, mais nous faisons un dernier arrêt rapide à Andahuaylillas pour visiter son église baroque du XVIIe siècle, surnommée la "Chapelle Sixtine des Amériques" (rien que ça !) pour ses superbes fresques (photos interdites malheureusement).
Quelques dizaines de minutes plus tard, nous voilà dans la capitale des Incas (qui fut en grande partie dévastée par les espagnols). Il est déjà 17h, un collectivo nous mène dans le centre, très animé, et nous nous installons dans un petit hôtel à deux pas de la place centrale. Il fait plutôt froid et l'eau chaude est épisodique mais de tout façon nous ne comptons pas rester souvent à l'hôtel !