De retour à Paksé, nous choisissons de partir pour quatre jours dans le plateau des Bolovens, en moto. Après avoir laissé nos sacs à dos à l’hôtel (payé pour rien mais bon, vu le prix !), trouvé une moto en bon état et surtout des casques avec une visière, bien étudié notre carte, nous voilà partis pour un périple de plus de 300 km qui va nous conduire aux chutes de Tad Fan, puis à Paksong, à Saravane et à Tad Lo, en suivant la route du café.
Quel sentiment de liberté de choisir la moto plutôt que le bus, de s’arrêter où l’on veut, de visiter des endroits difficilement accessibles aux touristes !
A Tad Fan, nous découvrons une chute d’eau magnifique, un petit coin de paradis où nous pouvons nous baigner sans être dérangés par quiconque, mis à part quelques enfants du coin. Très joueurs, ils se calment toutefois lorsqu’ils découvrent nos guides, peut-être les premiers livres qu’ils aient eu l’occasion de feuilleter.
Sur le chemin de Paksong, nous contemplons des champs entiers de café et pouvons voir les grains sécher devant les maisons, de même que les feuilles de tabac. Le café de cette région est très réputé et nombreuses y sont les entreprises de commerce équitable exportant dans le monde entier, même en France.
Après une bonne heure de route, nous arrivons à Paksong, petite ville d’étape sur notre chemin. Nous y trouvons un endroit pour dormir, très très rudimentaire mais il ne faut pas espérer mieux dans cette ville reculée du pays (on a bien fait de se laver sous la chute !) Nous sommes déjà contents d’en avoir trouvé un et retournons manger dans un petit bouiboui local, sous les yeux étonnés des habitants qui y mangent entre amis. C’est plutôt bon et être ici, dans cet endroit incongru loin des zones touristiques, dans cette ambiance laotienne, nous plaît énormément.
Sur le chemin de Saravane, nous croisons de nombreux villages de minorités ethniques. Mais nous ne nous y arrêtons pas car nous ne connaissons pas bien leurs coutumes et avons peur de déranger les habitants. En effet, certains pourraient croire que nous venons voler leur âme en traversant leur village et il est de coutume de se présenter au chef en arrivant. Par respect, nous ne nous arrêtons que dans des villages où n’habitent pas de minorités.
Nous croisons des villages isolés à plusieurs dizaines de kilomètres de la première ville, très pauvres, les gens logeant dans des bicoques rudimentaires, les enfants riant et courant derrière la moto, ou, surpris de voir des touristes, n’osant s’approcher.
Sur 20 km, la route se transforme en piste de sable et il est très difficile d’avancer sans danger en moto. Personne sur la route, seuls quelques enfants, et dire que nous avançons lentement est un euphémisme...
Arrivés à Saravane, nous visitons le marché, réputé pour ses victuailles originales (pour nous européens) mais, mis à part quelques brochettes de grenouilles ou œufs de fourmis grillés, nous ne trouvons ni serpents, ni écureuils, ni varans ou caméléons. Tant pis...
Nous rejoignons alors la chute de Tad Lo, où nous passerons la nuit, dans un joli bungalow en bois cette fois. Le lendemain, nous découvrons les environs à dos d’éléphant. Nous surprenons des enfants en train de tuer de gros insectes (genre de cigales mais aux bruits très spéciaux) dans les arbres, sûrement pour les manger, des pêcheurs de coquillages et le village d’une minorité bâti en cercle autour de la maison du chef. Ici aussi nous nous sentons bien.
Le lendemain, nous nous arrêtons vers une autre chute d’eau puis c’est à la nuit tombée que nous effectuons les derniers kilomètres en moto pour terminer cette expédition qui restera un des moments forts de notre voyage... Nous ne regrettons pas d’avoir choisi la moto comme moyen de transport, c’est vraiment un régal de découvrir le pays de cette façon !
Nous retrouvons la ville de Paksé un peu plus vivante, la fête du têt étant terminée. Mais nous ne nous y attarderons pas, désireux de visiter le centre du pays, en commençant par la capitale du pays, Vientiane.