Après une seconde nuit à Aguas Calientes, nous nous levons très tôt pour prendre le premier train qui rejoint Ollantaytambo, où normalement (comme convenu avec l'agence de Cusco) un taxi devrait nous attendre pour nous ramener à Cusco après un arrêt au marché de Chinchero et au site de Moray.
Oui, sauf que la grève des agriculteurs annoncée pour demain semble avoir été avancée d'un jour, nous apprenons que le premier train sera en fait le seul qui circulera aujourd'hui. Ouf, nous avons nos billets, nous ne resterons pas coincés ici comme nombre d'autres touristes.
Pourtant la grève nous rattrapera à peine plus loin, à Ollantaytambo. Le taxi nous y attend bien comme prévu (il s'agit d'ailleurs de l'une des seules voitures qui ait réussi à passer les barrages des agriculteurs), il est parti à quatre heures du matin de Cusco nous dit-il, mais n'est pas sûr que nous arriverons à repasser dans l'autre sens. Effectivement, c'est pure folie... Les agriculteurs se sont mobilisés par centaines et font tomber à la dynamite d'énormes cailloux pour bloquer rails et routes, et ce dans tout le pays. Ils protestent ainsi contre l'augmentation des prix qui ne leur permet plus de survivre et sont bien décidés à ne laisser passer personne.
Après quelques échanges tendus lors de passages de deux ou trois barrages en déplaçant les pierres, le chauffeur comprend que la situation devient dangereuse pour son taxi (et nous...) et nous faisons demi-tour pour rejoindre Ollantaytambo. Nous préférons cela, ma foi autant respecter la grève, car même si cela nous retarde, nous sommes contents de voir qu'en Amérique du Sud les gens se mobilisent autant. Après l'Argentine et la Bolivie, c'est au tour des Péruviens, et apparemment c'est très fréquent ! Et puis nous avons déjà vu le Machu Picchu hier, alors maintenant...
Heureusement Ollantaytambo est un gros village très agréable, des centaines de touristes sont bloqués ici comme nous, aux portes de l'un des sites les plus célèbres au monde. Quelques-uns d'entre-eux dorment dans leur sac de couchage sur la place principale, attendant que la situation se débloque. La grève devant durer 48h, nous préférons quand même l'hôtel... La nuit suivante c'est la folie, tous les bus attendent le milieu de la nuit pour tenter de passer en force, en un immense convoi escorté par la police, pensant que les agriculteurs seront allés dormir. Oui, d'accord, mais ça nous étonnerait qu'ils aient enlevé les énormes rochers du milieu de la route ! On apprendra le lendemain que bien peu de personnes auront réussi à passer.
Quant à nous, nous n'avons pas d'avion à prendre de suite donc nous attendons la fin officielle de la grève. Deux jours plus tard ça y est et nous arrivons cette fois à passer, toujours avec notre chauffeur de taxi qui lui aussi sera resté bloqué deux jours ici, obligé de dormir dans sa voiture ! Les pierres sont encore nombreuses sur la route, la conduite est risquée. Impossible ce matin de rejoindre les Salinas et Moray comme prévu, dommage car les paysages que nous traversons laissent présager des sites superbes.
En revanche nous nous arrêtons bien à Chinchero, un petit village authentique et très séduisant, surtout à cette heure matinale où les touristes se comptent sur les doigts de la main.
Nous rejoignons la place principale où les artisans s'installent doucement pour vendre leurs fabrications. Ils sont soulagés de voir les premiers touristes arriver et de savoir ainsi que les routes sont débloquées, cela fait deux jours qu'ils n'ont pas vu d'étrangers et donc rien vendu, la situation commençait à devenir difficile pour eux aussi. Pas de soucis pour leur faire plaisir en achetant quelques-uns de leurs objets, l'artisanat vendu ici est vraiment magnifique et moins cher qu'à Cusco.
Le marché se situe aux pieds de l'église et de ruines Incas. Le site est splendide, calme, nous méditons devant les superbes cultures en terrasses incas qui nous entourent. A deux pas de nous, une vieille femme se lamente que les pommes de terre qu'elle avait mis à sécher aient pris la pluie, il n'en reste presque plus de comestibles...
Allez, ne trainons pas, le chauffeur doit avoir hâte de rentrer chez lui... Nous le remercions chaleureusement et lui demandons de nous déposer à la gare routière où nous achetons des billets de bus pour Nazca, nous partirons cette nuit même. Et oui, ayant perdu pas mal de temps à cause de ce blocus, mieux vaut ne pas trainer si nous voulons profiter de notre dernière semaine ! Après une après-midi shopping à Cusco, c'est parti pour une nuit de bus et attention, ça tangue sévère entre Cusco et Nazca !