Un peu plus de cinq heures de bus nous mènent d'Iquique à Arica, ville située à l'extrême nord du Chili, dernière étape avant le Pérou. Nous nous installons dans un petit hôtel non loin du centre, centre agréable car piéton et toujours très animé. Grasse matinée le lendemain matin puis visite rapide de la ville, en fait il n'y a presque rien à voir à Arica, ville qui fût d'abord Péruvienne. On y trouve tout de même une belle cathédrale fabriquée à Paris par Gustave Eiffel puis trasportée par bateau en pièces détachées, l'ancienne gare qui donna un accès à la mer à la Bolivie en permettant de rejoindre La Paz à Arica et El Morro, une colline posée en plein milieu de la ville et au sommet de laquelle il est possible de grimper pour profiter de la vue sur l'océan.
Si Arica n'est pas vraiment ce que l'on peut appeler une belle ville, elle est toutefois sympathique et vivante, nous nous y sentons bien. Et puis, elle est située au bord de l'océan... Le port est d'ailleurs un endroit attractif car il est possible d'y observer des dizaines de pélicans et quelques otaries qui viennent chercher ici les restes de poissons jetés à la mer par les pêcheurs.
Ces animaux se battent pour récolter quelques miettes à la grande joie des gamins du coin qui vont récupérer les déchets auprès des pêcheurs et passent des heures à les jetter à l'eau. Nous restons un moment avec eux puis passons la fin de la journée à nous promener sur le littoral, observant les vagues et les dizaines de crabes qui se réfugient sur les rochers, puis profitant des terrasses et de l'ambiance qui règne dans les bars jusque tard le soir.
Mais c'est avant tout pour aller visiter le Parc National Lauca que nous avons fait escale ici. Les agences proposent toutes des excursions pour s'y rendre en une journée, nous hésitons car cela nous fera passer du niveau de la mer à plus de 4500m d'altitude en quelques heures seulement et ce n'est pas très recommandé ! Mais celles qui proposent des tours de deux jours sont hors de prix, de même que les locations de voiture. Ma foi, jusque là nous n'avons pas eu de soucis majeurs avec l'altitude, nous verrons bien !
Il est très tôt lorsque nous prenons la route en compagnie de touristes chiliens (aucun étranger par là et des explications en espagnol, c'est aussi bien). Le temps est très gris et les lieux très secs, à l'image des collines près desquelles nous nous arrêtons pour observer les géoglyphes de la vallée d'Azapa qui les recouvrent. Ces dessins datant du douzième siècle ont été réalisés en accumulant des pierres et nous distinguons, ou plutôt nous devinons quelques animaux ; il faudrait se rapprocher pour les voir plus nettement.
Le brouillard entoure également le petit village pré-inca et le cimetière de Piconchile, c'est vrai que nous sommes à 480m d'altitude seulement.
Et puis d'un seul coup les nuages cèdent la place à un magnifique ciel bleu qui nous accompagnera toute la journée. Nous sommes montés en altitude très rapidement depuis le dernier arrêt mais pas encore trop haut puisque poussent ici des candélabres (on les trouve entre 2000 et 3000m d'altitude environ), immenses cactus qui peuvent atteindre 15m de haut.
Les lieux sont très secs et vallonés, quelques canyons se dessinent mais aussi des terrasses en culture et la pukara de Copaquilla, une forteresse datant du douzième siècle.
La sécheresse n'empêche pas les animaux de vivre ici, on trouve les mêmes espèces que partout sur l'Altiplano Sud-Américain, en particulier des guanacos (les ancetres des lamas, mais eux sont restés sauvages). Nous n'en avions pas revu depuis la Patagonie, profitons en car apparemment les guanacos sont très difficiles à voir au Pérou !
Nous sommes cette fois à 3000m d'altitude, mais pour l'instant tout va bien, personne ne souffre du soroche, le mal des Andes qui se matérialise par de grosses difficultés pour respirer et des maux de tête pouvant être violents. Pour le combattre il est nécessaire de ne pas faire d'efforts, de boire beaucoup d'eau mais aussi des infusions ou des matés de coca, des feuilles de coca que l'on recouvre d'eau chaude ; en plus c'est très bon ! C'est moins fort que la coca directement chiquée, mais cela fait déjà beaucop d'effet contre le soroche.
Allez, c'est reparti ! Nous ne sommes plus très loin du village de Putre qui se situe à 3500m et que nous observons en contrebas, isolé au milieu des terrasses en culture. Nous nous y arrêterons au retour pour déjeûner, en attendant, direction le Parc National Lauca.
A mesure que nous montons en altitude la flore change, nous rencontrons plus d'arbustes et d'arbres et notamment la llatéra, du lichen vert recouvrant les rochers et pouvant atteindre 1m de large et vivre plus de 100 ans !
Les animaux se font également de plus en plus présents, environ 60 espèces vivent dans ce parc national mais nous croiserons surtout des vigognes et deux vizcachas, des petits mammifères de la famille des chinchilas qui ressemblent à des lièvres à ceci près qu'ils ont des oreilles plus courtes et une queue d'écureuil. Mais ceux que nous apercevons se reposent sur un rocher, ne nous permettant pas de voir leur queue.
Le Parc National Lauca, aux portes de la Bolivie, est réputé comme étant l'un des plus beaux parcs du nord du Chili. Les paysages y sont effectivement très purs, des lieux sauvages dominés par des dizaines de volcans dont les cimes dépassent souvent les 6000m.
De beaux paysages et plein plein d'animaux, on en demandait pas tant... En plus nous croisons pour la première fois des alpagas, animaux domestiques qui ressemblent aux lamas mais sont plus petits et ont des poils beaucoup plus longs. Lorsque nous approchons, lamas et alpagas se mettent à courrir après le bus, apparemment ils ont l'habitude des touristes ! Il faut dire que les guides nous poussent à leur acheter un peu de nourriture, ma foi ils sont domestiques donc cela ne nous dérange pas trop. Ca nous fait bien marrer de les approcher de si près, ils ne sont pas craintifs pour deux sous et rigolos avec les petits bouts de laine que leurs propriétaires leur accrochent aux oreilles pour les reconnaître.
Rien à voir avec les centaines de vigognes qui vivent ici et qui, sauvages, s'éloignent dès que nous faisons mine d'approcher ! Pourtant ces animaux ont quand même beaucoup plus de classe et d'élégance.
Il devient de plus en plus difficile de respirer, cette fois ça y est, nous sommes arrivés au lac de Chungara, l'un des lacs les plus hauts du monde puisque situé à 4500m d'altitude. Deux petites filles qui sont avec nous ne se sentent pas très bien et respirent de l'oxygène, mais leur malaise pase assez rapidement. L'environnement est très beau, le lac étant dominé par d'immenses volcans, notamment les volcans Parinacota, Sajama (qui culmine à 6500m et porte le même nom que le parc voisin en Bolivie) et Quisiquisini. Une bien belle destination après la route toute aussi magnifique qui nous a conduit jusqu'ici.
Allez, mieux vaut redescendre avant de nous sentir mal. Sur la route, lamas, alpagas et vigognes par centaines, et un ensemble curieux de petites îles volcaniques.
Et puis le village de Parinacota (qui signifie l'endroit des flamands), le village le plus adorable que nous aurons vu au Chili. Situé à 4400m d'altitude, ce petit village possède une église magnifique recouverte de chaume et entourée d'un muret, dommage que nous ne puissions entrer à l'intérieur aujourd'hui. Pas grand monde n'est présent ici, les hommes sont dans les champs avec les troupeaux, seules quelques femmes tiennent des boutiques d'artisanat, vendant de nombreux pulls, gants, écharpes ou autre en laine d'alpaga. Les objets confectionnés avec les poils des vicunas (très courts) sont en revanche très rares et hors de prix.
Des dizaines d'alpagas et de lamas broutent autour de ce petit village perdu qui servait auparavant d'étape de transhumance des troupeaux entre Arica et Potosà (en Bolivie). Cela faisait longtemps que nous n'avions pas pu observer autant d'animaux, c'est vraiment l'un des plaisirs de la journée...
Le minibus fait office de bus public puique nous repartons avec deux femmes du village qui ont besoin de se rendre à Putre. Putre aussi est un très beau village, mais plus important bien sûr. Nous y mangeons des steaks d'alpaga (plutôt bon) et respirons beaucoup mieux ici, à 3500m d'altitude "seulement " ! Pourtant la fatigue est bien présente, la journée était plutôt éprouvante et pour la plupart nous nous endormons lors du trajet retour vers Arica.
Nous y parvenons vers 20h, ravis de notre journée. Mais Arica n'est pas une ville où l'on s'attarde, les activités y sont limitées et nous décidons de partir le lendemain pour Arequipa, au Pérou, via Tacna.