Après un dernier regard à la jolie petite ville de Cafayate et son église, c'est parti sur la route 40 avec pour objectif d'arriver ce soir à Cachi.
La route 40, route mythique d'Argentine, traverse le pays du nord au sud en longeant la cordillère des Andes sur plus de 4000 km ! Elle débute à RÃo Gallegos, tout au sud de la Patagonie (on y était !) et finit à Abra Pampa, tout au nord, où nous serons dans quelques jours. Si nous ne l'aurons pas parcourue en entier, nous aurons roulé sur les deux extrêmités, la boucle est bientôt bouclée... Mais plus qu'une route, actuellement c'est plutôt une piste que nous empruntons, mieux vaut aller doucement même si on peut largement s'aventurer ici (à la saison sèche du moins) avec une voiture normale.
165 km séparent Cafayate de Cachi, et franchement, il nous faudra plus des cinq heures que nous a annoncé l'office de tourisme pour les parcourir ! Il faut dire aussi qu'on traine et qu'on s'arrête sans cesse tant les paysages nous plaisent. Des roches déchiquetées, le désert, l'isolement et parfois, au milieu de rien, une maison de terre avec toujours un four à proximité, un petit village ou un cimetière aux tombes colorées. Cette région est l'une des plus pauvres du pays et vraiment, il doit être très difficile de vivre dans ces conditions précaires, d'autant que certaines maisons sont à plusieurs kilomètres de toute autre civilisation...
Peu avant Antagasta, les roches se font plus découpées encore, les paysages plus lunaires. Le long du RÃo Calchaqui s'étendent des formations rocheuses immenses surnommées les Flèches tant elles dressent vers les cieux des pics pointus et aiguisés. Nous ne croisons presque personne le long de la route, allez, petit pique-nique dans ces paysages désertiques.
Mais il est tant de reprendre la "route" si nous voulons arriver à Cachi ce soir. La nature se fait moins aride par ici, la culture des vignes reprend, les lieux sont légerement plus verts.
Et puis voici Molinos, tout petit village construit dans une oasis. Deux milles personnes seulement vivent ici et il n'y a pas foule dans les rues en terre battue qui bordent les maisons en pisé. Quel calme, et quel cadre... L'église est très surprenante, avec son toit en bois de cactus et ses dessins bibliques sur laine d'alpaga !
Puis les cactus apparaîssent, c'est surprenant comme les paysages changent rapidement (même s'ils restent en général assez secs) d'une vallée à l'autre. Cinquante km de piste tortueuse pour rejoindre Cachi (quelle aventure cette boucle !) parmi la poussière tant il fait chaud et sec, il suffit qu'une voiture passe (plutôt rare dans le coin, nieux vaut ne pas tomber en panne) pour qu'on ne voie plus rien pendant plusieurs minutes ! Nous montons tout doucement en altitude jusqu'à arriver à Cachi, village situé à 2200m.
Ce village (7000 habitants) est posé au pied du Nevado de Cachi, montagne de plus de 6000m ! Outre son environnement magnifique, le village en lui même a également beaucoup de charme et nous y passons une soirée agréable à manger en terrasse sur l'oeil des petits vieux qui discutent sur les bancs de la place en observant les touristes... Les maisons, blanches à l'architecture identique, les rues dallées et la place ombragée créent un ensemble très harmonieux. Et puis ici le silence est total, on se send loin de tout sauf dans notre petite hospedaje malheureusement envahie de touristes bruyants. Et non, nous ne sommes pas les seuls à avoir eu envie de nous arrêter à Cachi...
Des montagnes aux cimes enneigées, une dernière vue sur ce village à plusieurs heures de piste de la prochaine ville, et en route le lendemain matin vers Salta ! Toujours entourés d'énormes cactus, nous abandonnons bientôt la route 40 pour rejoindre la 33.
La route grimpe de plus en plus, les cars de touristes arrivent tous dans l'autre sens depuis Salta (quel pied d'avoir une voiture !!!), mais après leur départ nous avons les montagnes colorées pour nous seuls. Il s'agit peut-être de l'une des plus belles portions de route de cette boucle magnifique. Des montagnes aux tons pastels comme peintes et déposées ici par des artistes inspirés, quelques rares maisons isolées où l'on élève des troupeaux de chèvres et d'ânes, les montagnes en arrière fond et les cactus en premier plan...
Ces derniers se font de plus en plus nombreux lorsque nous arrivons au parc national Los Cordones. La Recta Tin Tin, route rectiligne de 14 km cnnue dans toute l'Argentine, le traverse avant de céder la place à une piste qui enchaîne les virages sinueux jusqu'à nous conduire à 3348m d'altitude !
Nous nous arrêtons un instant à cet endroit le plus haut de la boucle, le Piedra del Molino et sa petite chapelle, mais un âne sauvage menace de nous attaquer, du coup on prend vite la poudre d'escampette... A peine le temps d'apercevoir la route encore plus tortueuse qui nous attend pour redescendre au fond de la vallée suivante, et l'âne est presque sur nous...
Mieux vaut ne pas avoir le vertige ou le mal des transports, ça tourne par là ! Nous descendonst lentement toute la cuesta del Obispo parmi des paysages montagneux de nouveau très différents des précédents. Ce qui est génial ici, c'est qu'il est impossible de se lasser tant les paysages varient.
Allez, on est presque en bà s, plus qu'à traverser la quebrada del Escoipe, une vallée où les montagnes se font cette fois vertes et rouges, et bientôt nous rejoignons la civilisation et Salta.
Il est 16h, nous décidons de poursuivre jusqu'à Jujuy en empruntant la route 9, dite ruta de la Cornisa, à priori bien plus sympa que l'autoroute. Effectivement, après le désert, ces paysages de forêts luxuriantes et de lacs sont les bienvenus ! Ca tourne, les gens roulent comme des bolides malgré l'étroitesse de la route, mais ça vaut 100 fois le coup d'emprunter cette route bordée de forêts enchantées !
Par contre, Jujuy, grande ville de 270000 habitants, ne nous séduit pas franchement. A part y passer la nuit en attendant de repartir vers le nord demain, pas grand chose à y faire...