Dix heures de route séparent Curitiba de Foz do Iguaçu mais pour une fois nous choisissons d'effectuer ce long trajet de jour afin de profiter des paysages et de limiter le fatigue. Au final, les paysages ne s'avèreront pas vraiment exceptionnels et nous regretterons presque nos habituels bus de nuit...
Foz do Iguaçu est une ville plutôt peu animée et un peu triste, nous lui préfèrerons largement Puerto Iguazú (côté argentin). Toutefois, il est commode lorsque l'on arrive du Brésil d'y dormir afin de visiter les chutes du côté brésilien le lendemain. Pour marquer notre dernière soirée au Brésil (temporaire, puisque nous reviendrons d'ici quelques semaines visiter le pantanal depuis la Bolivie !), nous nous offrons un rodizio de pizzas : des pizzas à volonté, choisies parmi celles que nous présentent sans cesse plusieurs serveurs qui parcourt la salle avec d'immenses plateaux, terrible !
Le lendemain matin, nous rejoignons en bus les chutes d'Iguaçu, chutes souvent classées parmi les trois plus belles cascades au monde (avec celles du Zambèze et du Niagara). En attendant de les admirer, nous sommes accueillis par une foule inimaginable, il faut dire qu'en plein week-end de Pâques c'était prévisible... Enfin un petit train nous mène à l'entrée d'un sentier balisé (qui se parcourt en deux à trois heures) qui s'enfonce parmi la végétation tropicale et nous dévoile les premiers points de vue vertigineux sur les chutes.
Celles-ci portent bien leur nom, Iguaçu signifiant "Eau Grande" en indien guarani. Et pour le coup, c'est bien peu dire ! Plus de 200 chutes, petites et calmes ou à l'inverse puissantes et dévastatrices s'étendent ainsi sur un front de 2,5 km (à la fois sur le territoire brésilien et argentin) au milieu d'une végétation tropicale magnifique... Plus l'on s'enfonce sur le sentier plus les points de vue se font exceptionnels, notamment celui permettant d'apercevoir les chutes surnommées "les Trois Mousquetaires".
Toute la puissance de la nature semble se libérer dans ce site naturel grandiose. Les eaux grondent, tempêtent, s'imposent bruyamment avant de ne plus s'écouler, quelques pas plus loin et sans prévenir, qu'en un "mince" filet. Ces changements brutaux et le nombre impressionnant des chutes, qui semblent s'étendre à l'infini et offrent un spectacle se renouvellant à chaque pas, constituent un lieu unique dont il semble impossible de se lasser.
La foule se presse, se bouscule en un flot humain continuel... Je (Rebecca) me rappelle qu'il y a cinq ans, lorsque j'étais déjà venue visiter ce site, il n'y avait personne, nous avions presque ce lieu sauvage pour nous seules... Malheureusement, il pleuvait et en contrepartie nous profitons aujourd'hui d'un temps sublime.
Les visiteurs, pour la plupart argentins ou brésiliens, boivent en grande majorité du maté, cette infusion traditionnelle élaborée à partir des feuilles séchées puis moulues d'un arbuste appelé maté. Après avoir recouvert les bords d'une calebasse évidée (et souvent décorée) de cette herbe, on y ajoute progressivement de l'eau brûlante, ce qui constitue un breuvage très chaud (et plutôt amère) qui se boit à travers une pipette en métal et se partage en signe d'amitié. Partout autour de nous les gens, malgré la chaleur, boivent sans cesse cette boisson et portent sous le bras les thermos contenant l'eau chaude nécessaire, très surprenant !
Le sentier, magnifique car situé en pleine nature, est ponctué de passerelles qui s'avancent au dessus de l'eau, parfois presque sous les chutes et offrent des vues étourdissantes. C'est effectivement du Brésil que se découvrent les plus belles vues d'ensemble du site, alors que le côté argentin permet de s'approcher plus près de certaines chutes et de profiter de sentiers plus nombreux sillonnant parmi une nature bien plus vierge. En conclusion, il faut vraiment aller des deux côtés !
Bientôt le bruit devient assourdissant et le spectacle de ses milliers de mètres cubes d'eau se déversant à quelques mètres de nous devient étourdissant. La voila enfin, cette Gorge du Diable qui semble nous appeler depuis tout à l'heure et nous happer...
De toute part la fureur des chutes nous entoure, nous mouille, nous étourdit, nous ravit... La sensation est vertigineuse, l'instant magique, nous nous laissons envelopper d'une fraicheur agréable et du sentiment unique d'évoluer parmi cette nature puissante qui nous domine.
Puis tout s'apaise... nous voici désormais au dessus des chutes, observant le Rio Iguaçu supérieur. L'eau s'y écoule calmement, lentement, difficile d'imaginer que quelques mètres plus loin elle se transformera en ce flot bouillonnant, en ces cascades et torrents dégageant une puissance que rien ne semble pouvoir tempérer...
Nous quittons le site vers 16h (la foule ayant rendu la visite beaucoup plus longue que prévue), prenons un bus, récupérons nos bagages à l'hôtel puis rejoignons Puerto Iguazu en Argentine grâce à un autre bus. Les connexions de bus ne sont pas des plus simples et il nous faut bien sûr descendre à la frontière pour les formalités de douane, et attendre encore un nouveau bus !
Enfin nous arrivons à Puerto Iguazu mais, autre soucis, impossible de trouver un lieu où dormir, tout, absolument tout semble complet et, après une heure de recherche, nous n'en pouvons plus. Bien sûr, c'était à prévoir en ce week-end de Pâques mais on a tendance à ne pas penser à ce genre de choses quand on voyage longtemps... Heureusement, quelqu'un finit par nous indiquer un lieu où il resterait une chambre et nous y conduit. C'est très cher (comme tout ici ce week-end), pas terrible et il nous faut partager la chambre avec deux autres personnes, mais nous n'avons pas vraiment le choix et, au final, l'endroit s'avèrera idéal pour rencontrer des voyageurs argentins géniaux avec qui nous sympathiserons.