Après la visite du Salar d'Uyuni hier (cf. étape précédente) nous repartons (toujours dans le cadre d'une excursion de trois jours) en direction du Sud Lipez. Le réveil est difficile, il fait très froid à 6h du matin et nous assistons au lever du soleil tandis que nous déjeûnons avec toutes nos couches de vêtements. Charger les sacs et les provisions sur le toit de la voiture, démarrer (on a bien crû rester en panne !) et en avant pour une journée qui restera l'une des plus exceptionnelles de ce voyage.
Une heure trente de route très très cahotique nous mène jusqu'à San Juan, petit village où d'autres touristes ont passé la nuit. Sur la route nous croisons quelques vicunas et lamas, belles images de la Bolivie sauvage à presque 4000m d'altitude. Lagunes asséchées, déserts, vigognes, solitude extrême, le Sud Lipez nous apparaît déjà comme l'un des lieux les plus inhospitaliers et envoûtants d'Amérique du Sud...
Difficile pourtant d'être dans ce 4x4 et de ne pas pouvoir s'arrêter partout, nous aurions envie de prendre davantage notre temps (mais venir ici seul, même pas la peine d'y penser !). Par chance Léonardo est bien sympa et s'arrête à chaque fois que nous le lui demandons (souvent !), en revanche il ne faut pas compter sur lui pour avoir beaucoup d'explications ; heureusement que les lieux parlent d'eux-mêmes... Nous nous arrêtons observer le volcan Ollague, volcan en activité constante dont la fumée sort doucement de son cône pour s'évaporer dans le bleu du ciel.
Plus loin la piste devient tellement cahotique que le chauffeur nous demande de descendre et de marcher une quinzaine de minutes, nous remonterons plus haut. Cela nous donne l'occasion de profiter des paysages montagneuux qui nous entourent.
Vers 11h30 nous arrivons vers la lagune Cañapa, une lagune isolée au milieu des sommets vertigineux qui se reflètent dans ces eaux bleues, à plus de 4000m d'altitude. Les lieux et les couleurs pastels sembleent irréels, la beauté du paysage saute aux yeux et nous n'arrivons pas à comprendre certains touristes qui restent dans la voiture tant ils ont froid. D'accord il fait très froid mais ces paysages sont tellement incroyables qu'il faut être fou pour ne pas en profiter et marcher réchauffe !!! Pour notre part on en profite un max...
Alors que nous mangeons deux renards s'approchent, attirés par les odeurs de nourriture. Ils sont à quelques mètres seulement, la vie ici doit être bien difficile et aride pour eux.
Il n'y a pas de flamands roses ici car les eaux sont actuellement trop froides mais Leonardo nous conduit à la lagune Hedionda où nous en apercevons des dizaines. Ils sont bien moins nombreux qu'en été (nous sommes presque en hiver ici) et vont s'éloigner lorsque la lagune sera complètement gelée mais pour le moment nous pouvons les approcher à quelques mètres seulement et ils ne sont pas le moins du monde effarouchés, l'expérience est magique.
La plupart ont une queue noire, à priori ce sont des flamengos Andinos, l'une des cinq espèces que l'on peut trouver dans l'Altiplano. Génial de les regarder voler au dessus de nous ou s'ébouriffer les plumes et dévoiler alors leur pelage entièrement rose, une superbe page nature, merci la Bolivie !!!
Les lagunes se succèdent et nous nous arrêtons quelques minutes pour admirer la lagune Honda, peut-être moins éblouissante que les autres mais où nous avons la chance d'apercevoir quelques vigognes avançant de leur démarche si gracieuse.
La journée nous mène de surprises en surprises, un festival d'images toutes plus belles les unes que les autres... Le 4x4 avance à fond parmi des pistes en terre, seul, et les paysages de montagnes colorées et animaux sauvages défilent par les vitres, moments uniques... Sans cesse nous demandons au chauffeur de s'arrêter pour profiter de la sensation du vent (malgré un froid plus que cinglant !) et de cette chance d'être en plein air dans ces paysages si inhabituels pour nous.
Le désert, l'immensité, le vide... et bientôt apparaît une immense chaine de montagnes qui marie plusieurs nuances de couleurs, du marron, orange, rouge, comme un peintre inspiré qui aurait recouvert la terre de coups de pinceaux hasardeux. Nous voici au plein coeur du désert de Siloli,waouhhhhh !!!
Nous étions presque à 5000m d'altitude durant cet après-midi, nous ne pensions pas monter plus haut que le Mont-Blanc ! Oui, c'est sûr, l'Altiplano bolivien est un lieu qui se mérite mais qui offre des paysages parmi les plus beaux d'Amérique du Sud... Des kilomètres et des kilomètres avalés parmi ce désert pour arriver à "l'arbre de pierre", principale curiosité qui s'y trouve. Ici des pierres gigantesques perdues au milieu d'immenses plateaux prennent des formes extravagantes.
Après cela nous pensions avoir vu le plus beau... C'était sans compter sur la lagune Colorado, une lagune réellement rouge et entourée de borax (non, ce n'est pas du sel), située dans un cadre enchanteur de volcans atteignant des hauteurs folles. Sensation indescriptible une fois de plus, il vous faudra venir jusqu'ici pour comprendre ce que l'on peut ressentir !
La couleur de la lagune dépend des particules qu'elle contient bien sûr mais surtout des vents et des heures de la journée. A certains moments elle n'a pas du tout cette couleur nous explique Léonardo, nous sommes chanceux, d'autant que des flamands roses vivent également ici. Ce lieu est l'un des endroits les plus hallucinants que nous ayons jamais vus, de ces endroits qui vous marquent et vous font aimer toujours plus les voyages, vous poussent à partir sans cesse à la recherche de ces paysages qui vous bouleversent... Et une vigogne qui se promène nonchalemment à côté, stop chauffeur !
L'hôtel où nous allons passer la nuit se situe à sept kilomètres seulement de la lagune, et c'est dix fois pire qu'hier. Le froid est réellement insupportable sans chauffage, il fait jusqu'à moins 30 degrés le soir... Nous buvons thé sur thé pour tenter de nous réchauffer, superposons les couches de vêtements mais c'est vraiment difficile, nous tentons d'oublier en bavardant. Enfin, plus tard dans la soirée nous trouvons un peu de bois pour allumer un poële, et nous serrons tous autour avec une bouteille de vin et une soupe chaude, retrouvant petit à petit des couleurs... Le bonheur...
Soirée sympa à parler en espagnol avec Leonardo qui travaille avec sa femme depuis six ans pour une agence d'Uyuni. Il nous explique tous les problèmes qui ont eu lieu ici avec les touristes du fait de l'isolement et de l'altitude (premiers secours médicaux très loins !) ou de pannes, mais ce n'est pas si courant que cela apparemment. Le feu s'éteind, plus de bois, il est tant de dormir mais même à six dans la pièce il fait un froid inimaginable...
De toute façon la nuit est très courte, réveil à 5h du matin, mon dieu ça doit être l'heure la plus froide de la nuit ! Nous chargeons les sacs et partons le ventre vide dans la nuit complètement noire, sous un ciel étoilé très purs, tentant de dormir un peu malgré les secousses de la route. Cette fois nous avons bel et bien dépassé les 5000m d'altitude ! Nous arrivons rapidement aux geysers Sol de Manaña (à 4900m) et observons dans la nuit noire des dizaines de jets de fumée et d'eau brûlante, la terre gronde... Ok, sympa, mais ça aurait été mieux s'il avait fait jour, non ?
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C'est depuis le salar de Chalviri (et la laguna Polques) que nous observerons le soleil se lever doucement alors qu'il n'est pas encore sept heures du matin. Un froid glacial et quelques touristes qui se motivent pour un bain dans les eaux chaudes à 37 degrés... C'est sûr ça doit être sympa d'être dedans mais le fait d'imaginer en sortir et affronter le froid en maillot de bain nous retient franchement ! Maillots de bain qu'ils retrouvent complètement gelés en moins de cinq minutes, bande de fous !!!
Nous avons déjà tous les deux une grippe bien carabinée et nous abstenons de bon coeur... Le petit déjeûner par contre est le bienvenu. Nous discutons ici avec d'autres voyageurs croisés en différents lieux de Bolivie, tous pensent la même chose : cette excursion est superbe, les paysages magnifiques mais le froid est vraiment insupportable et les guides ne sont pas toujours tops...
La lumière du jour laisse apparaître un temps très très gris, aïe, nous qui étions habitués au ciel bleu ! Dommage car les paysages semblent toujours aussi beaux notamment le désert de Dali que nous traversons rapidement et qui nous rappelle un peu le désert de Siloli. Pierres immenses taillées par les vents, mélange de couleurs détonnantes, un lieu qui vaut bien les tableaux de Dali, c'est sûr, un bel hommage à ce peintre !
Dernière merveille avant de rejoindre le Chili, la laguna Verde, à quelques kilomètres de la frontière seulement, à plus de 4500m d'altitude et au pied du volcan Licancabur. La couleur de la lagune dépend essentiellement des vents, elle peut apparaître bleue comme d'un vert unique. Aujourd'hui elle est verte car les vents sont violents mais le temps n'est pas du tout dégagé et le soleil absent... Pas de chance car ce lieu est l'un des sites les plus photographiés au monde et il est vrai que certaines photos sont splendides, à l'inverse des notres aujourd'hui ! N'ampêche le lieu, quoiqu'assez mélancolique par ce temps, dégage beaucoup de mystère.
L'aventure s'achève, nous voici cette fois à la frontière avec le Chili, à une heure de bus de San Pedro de Atacama.
D'autres repartent vers Uyuni mais pour notre part nous ne retournerons pas en Bolivie (pas même plus tard comme prévu initialement). Nous n'aurons pas le temps d'aller partout et, devant faire des choix, avons choisi celui de la sécurité, voyager en Bolivie n'étant pas sans danger en ce moment. Nous remercions notre guide, quittons nos compagnes et rejoignons le Chili extrêmement fatigués et malades mais des images merveilleuses plein les yeux, c'était simplement unique...