Souhaitant découvrir le parc national du volcan Masaya de jour mais également de nuit, et sachant qu'il n'y aura plus de bus publics passés une certaine heure, nous nous adressons à une agence pour nous y rendre. Tout d'abord, nous nous arrêtons au marché artisanal de Masaya, où se vendent notamment de beaux articles en bois, des poteries et les fameux cigares nicaraguayens.
Mais le véritable intérêt de la journée réside dans la visite du complexe volcanique situé juste au nord de Masaya. Ce complexe de volcans actifs, appelé longtemps "Popogatepe" (qui signifie montagne ardente en nahuátl) par les indigènes est l'un des plus accessibles au monde (on peut monter en voiture jusqu'au cratère).
Nous nous approchons du cratère du volcan Santiago (dont la dernière éruption date d'avril 2001), cratère gigantesque, très actif et qui semble sans fond ! Les émanations de soufre prennent à la gorge, la fumée envahit tout, et s'approcher de ce gouffre de si près (250m de fond pour 500m de circonférence) est saisissant ! Lorsque le vent est favorable, nous distinguons la forme du cratère au fond du puit béant et, très faiblement, la couleur rouge de la lave en ébullition...
Ce volcan fut longtemps l'objet de vénération des indigènes qui y sacrifiaient de jeunes filles vierges ou des enfants pour apaiser la colère de Chacitutique (le dieu du feu) et éviter les éruptions. Cérémonies et rituels se succédèrent ainsi pendant des siècles, faisant peur aux Espagnols qui surnommèrent ce lieu "Boca del Infierno (la bouche de l'enfer). Les paysages alentours sont très secs et arides et il suffit de monter un peu pour jouir de belles vues dégagées sur la ville de Managua et le volcan Momotombo au loin. En observant bien, on distingue même les parois de l'ancien volcan, cet unique volcan de 10x5 km qui aurait explosé 4550 ans av.Jésus-Christ et donné naissance aux cinq cratères distincts et aux paysages sauvages que l'on observe aujourd'hui.
Mais le panorama est plus saisissant encore depuis le cratère du volcan Masaya, complètement recouvert de végétation et inactif. D'ici, la vue sur le cratère Santiago, la ville de Granada, la lagune de Masaya et le volcan Mombacho au loin est imprenable.
La nuit tombe, nous allons pouvoir approcher à nouveau le cratère actif de Santiago et tenter d'apercevoir les réverbèrations de la lave. Même avec un masque, l'air, sulfuré, est irrespirable. Tout le monde tousse et s'étouffe, certains préfèrent ne pas s'approcher du cratère... De toute facon, mieux vaut ne pas rester plus de quelques secondes, surtout que, si la lave est effectivement visible, c'est de manière très floue car le cratère est profond et empli de fumée et de vapeur.
Les lampes de poche et les casques de chantier remplacent les masques et nous pénétrons dans l'une des nombreuses grottes de la région qui abrite cinq espèces de chauve-souris. Elles sortent par milliers de la grotte à la tombée de la nuit, nous les entendons nous frôler doucement dans l'humidité et la froideur de la grotte, avant de s'envoler au loin... Génial !
Puis c'est à la lumière de nos lampes de poche, sur des chemins escarpés et dans la bonne humeur et l'humour qui règne au sein de notre petit groupe que nous rejoignons une autre grotte un peu spéciale. En effet, nous marchons à l'intérieur d'un tunnel volcanique, sur les traces d'une ancienne et gigantesque coulée de lave qui s'est solidifiée en son sommet lors du contact avec l'air, formant cette grotte immense. Les stalagtites et stalagmites sont partout, ainsi que d'énormes racines d'arbres qui courrent sur la roche volcanique sur des centaines de mètres. Les chauve-souris, de nombreux insectes et quelques araignées rarissimes et surprenantes, comme cette araignée scorpion que nous observons de longues minutes, habitent aujourd'hui ce lieu froid et inhospitalier.
Passé 20h déjà , le parc ferme... Nous abandonnons là cratères et animaux et rejoignons Granada, plutôt contents de cette expédition agréable et instructive.
Nous consacrons la journée du lendemain à la visite de la ville de Granada (cf. étape précédente) puis, le jour suivant, prenons la direction de la réserve naturelle du volcan Mombacho. Trois quarts d'heure suffisent pour arriver à cette réserve constituée de forêts tropicales nuageuses et de cinq cratères volcaniques, dont certains encore en activité.
Ici sont recensés plus de 100 espèces d'orchidées (et 750 espèces florales en tout !) que nous admirons à l'entrée du site au sein d'une serre où elles sont cultivées. Magnifiques, les "fleurs d'un jour" sont une espèce qui ne fleurit qu'une seule fois dans l'année et l'espace d'une journée seulement... De nombreuses espèces de papillons en voie de disparition sont également recueillis ici dans le but d'assurer leur reproduction. Puis nous grimpons à bord d'un pick-up du parc et traversons les nombreuses plantations de café qui recouvrent les pentes du volcan jusqu'à arriver au sommet des cratères.
On dénombre cinq cratères volcaniques sur le volcan Mombacho et, en compagnie d'une guide qui s'avère une mine d'informations (où est-ce dû à nos progrès en espagnol ?) nous approchons le cratère dont nous allons faire le tour à pied. Complètement recouvert de végétation humide, il s'étend en premier plan devant les panoramas magnifiques sur les Isletas (400 petites îles basaltiques nées à la suite d'une éruption du volcan) et Granada.
La marche, très facile (une heure trente environ) est très agréable, le sentier traversant l'une des rares forêts tropicales nuageuses du Nicaragua et de l'Amérique centrale et nous emmenant, à un moment, dans un tunnel de lave aux hautes parois recouvertes de végétation.
La végétation est dense, le sol très humide, les arbres recouverts de plantes ou orchidées qui se servent d'eux comme support pour accéder à la lumière. Difficile de croire que nous marchons sur un volcan actif ! Pourtant, les fumeroles que nous apercevons un peu plus loin nous rappelle que la menace de la lave, qui bouillonne et s'impatiente en dessous, est bien présente...
Les orchidées et autres fleurs qui poussent ici et exhalent de délicieux parfums sont un réel plaisir pour les yeux ! La nature est préservée ici et cet environnement protégé abrite papillons, oiseaux et mamifères (environ 60 espèces et 28 espèces de reptiles) malheureusement très difficiles à repérer. Nous avons toutefois la chance d'apercevoir un petit ardia (une sorte d'écureuil) pas farouche qui se régale du sucre que contiennet les orchidées (pour palier au manque de fruits en cette période).
En s'éloignant du cratère, le panorama sur le lac, Granada, les Isletas mais aussi la lagune d'Apoyo et le volcan Masaya est magnifique... La région est vraiment très belle et possède de nombreux sites naturels parmi les plus spectaculaires du pays.
Allez, il est tant de faire marche arrière et de rejoindre Granada, un point de chute vraiment idéal pour rayonner dans les environs.