Après une longue nuit de trajet en bus (ca ne nous avait pas manqué !), nous arrivons vers huit heures à San Cristóbal de las Casas, ville située dans le Chiapas, région réputée comme étant l'une des plus belles et luxuriantes du pays (nous le vérifierons dès demain). La fatigue aidant, nous choisissons la facilité et acceptons la proposition d'un belge qui nous invite à loger dans sa posada, plutôt agréable et bon marché.
Après une matinée de repos, nous retrouvons un semblant de forme et nous rendons dans le centre-ville. De suite, l'ambiance qui règne à San Cristóbal nous plaît, nous nous sentons à l'aise dans cette ville très dépaysante habitée par de nombreux indiens (ils représentent plus d'un quart de la population). Cette ville indienne, la plus vieille cité espagnole du Chiapas (depuis 1528) a d'ailleurs changé de nom pour rendre hommage à Bartolomé de Las Casas, défenseur des indiens.
Nous nous attardons longuemment sur le zócalo, observant la vie agitée qui règne ici, au pied de la cathédrale massive construite au seizième siècle.
Sur cette place centrale, nous croisons de nombreuses indiennes en costumes traditionnels, portant leurs bébés et enfants en bas-âge dans de grands châles enroulés autour d'elles. De plus, comme nous avons la chance d'arriver ici quelques jours seulement avant la grande fête populaire et religieuse de la Vierge de la Guadaloupe, nous assistons dans les rues à de nombreuses coutumes traditionnelles comme des défilés d'enfants, en tenue, venus célébrer la vierge.
Au détour des rues, notamment dans celle de la Guadalupe, nous observerons, pendant trois jours, les défilés des tribus (surtout des jeunes) courrant pieds nus, tenant un flambeau, clamant des slogans et chants religieux en brandissant d'immenses portraits de la Vierge, et se rendant ainsi jusqu'à l'église Notre-Dame de Guadalupe, parfois à des dizaines de kilomètres de leur lieu de départ.
Vous l'aurez compris, la ville est en fête et l'ambiance qui règne ici en ce moment est géniale, nous sommes vraiment privilégiés. La ville en elle-même est également très belle, relativement petite (200000 habitants) et charmante avec ses rues étroites et colorées aux maisons basses.
Bien sûr, elle est également très cosmopolite et le mélange des cultures y est très surprenant (différentes tribus indiennes venant des montagnes environnantes, les Mexicains, beaucoup d'exilés vivant ici et des touristes de tous horizons se croisent...), mélange détonnant mais plutôt sympathique car chacun semble respectueux des différences des autres.
Nous prenons ensuite la direction du grand marché. Nous y découvrons un marché typique, magnifique, inoubliable, un des moments forts de ce voyage au Mexique...
Ici, des dizaines d'indiennes, portant leurs tenues si inhabituelles pour nous, vendent fruits et légumes de toutes sortes, viande, fleurs et autres marchandises dans un joyeux brouhaha composé d'espagnol et des diverses langues des tribus (chacune possède son propre language, chacun étant très différent des autres, la majorité de cette population ne parlant pas l'espagnol).
L'ambiance est magique au sein de ce marché qui s'étale en extérieur mais surtout dans une sorte de hangard où l'on se croise difficilement ; les étals nous dévoilent plein de saveurs et d'odeurs inconnues... de vrais moments typiques et dépaysants à souhait !
Non loin, aux pieds de l'église Santo Domingo, s'étend le marché artisanal, beaucoup plus touristique mais où l'on trouve de magnifiques tissus (la plupart venant du Guatemala, nous les achèterons là -bas) et surtout différents objets et gravures sur du cuir. Bon, ben... ca fera un colis de plus à envoyer !
Nous revenons lentement sur nos pas, enchantés par la découverte de cette ville qui nous plaît particulièrement. De plus, les environs offrent d'innombrables possibilités de s'immerger dans la nature luxuriante, difficile de demander plus ! Après quelques délicieuses quesadillas, on ne tarde pas (bien fatigués après la nuit de bus), afin de profiter de la journée suivante.
Le lendemain, après une belle excursion au canyon de Sumidero (voir l'étape suivante), nous profitons de notre après-midi pour nous rendre dans d'autres quartiers de San Cristóbal et marchons, au gré des petites rues colorées, jusqu'à l'église San Francisco.
Mais c'est surtout l'église Santa Lucia, très flashie car toute blanche et bleue, qui retient notre regard. A l'intérieur, des dizaines de bouquets de fleurs ont été déposés en prévision de la grande fête qui atteindra son apogée demain, le 12 décembre.
Allez, un peu de courage pour monter les nombreuses marches qui nous conduisent à l'Iglesa de San Cristóbal, d'où la vue sur la ville, à vrai dire, n'est pas très dégagée.
Au retour, nous admirons le Temple et l'Arc del Carmen, qui, bien que non construit dans ce but, permettait aux nonnes du couvent de traverser la rue sans se montrer et de respecter ainsi leurs voeux de retraite.
Aimant particulièrement l'ambre (résine végétale fossilisée issue de conifères ayant poussé sur Terre il y a 40 à 50 millions d'années), nous ne pouvons pas visiter San Cristóbal, capitale mexicaine de l'ambre depuis que l'on a découvert un gisement près d'ici, sans en apprendre un peu plus et visiter le musée de l'ambre. Il abrite peu de pièces mais elles sont par contre exceptionnelles : certaines contiennent de gros insectes piégés dans la résine, d'autres ont été magnifiquement taillées par les indiens. Le personnel du musée nous apprend à distinguer la vraie de la fausse ambre, ainsi nous ne nous ferons pas avoir ! Depuis toujours ici, l'ambre est empreint de sens et de spiritualité : il était un signe distinctif de bravoure du temps des Mayas, et, aujourd'hui, les indiens lui confèrent des pouvoirs de protection et de chance. On vous dira si ça marche...
Le lendemain, le 12 décembre, est un jour exceptionnel, difficile de passer à côté de la folle animation qui règne dans la ville ! Aujourd'hui les Mexicains célèbrent la Vierge de la Guadalupe (qui représente la véritable religion nationale, signe de ralliement des Mexicains de toutes origines, depuis que le jeune indigène San Juan Diego reçut l'apparition de la Vierge Marie le 12 décembre 1531), la rue est envahie de monde sur plusieurs kilomètres, de milliers de Mexicains se rendant à l'église Notre-Dame de Guadalupe. Nous suivons les processions, la musique et la foule jusqu'à cet édifice superbement mis en valeur, lieu d'apogée de la fête qui domine la ville.
Sur le parvis de l'église les concerts fusent, les gens dansent, mangent aux nombreux stands installés pour l'occasion, et prient bien sûr. Voilà une superbe fête religieuse et populaire dans la rue, une dernière soirée exceptionnelle dont nous profitons avant de quitter, demain, cette ville géniale.