Ce matin, le 1er mars déjà , nous mettons un premier pas en Thaïlande après avoir traversé le Mékong, fleuve séparant les deux pays, large ici de quelques dizaines de mètres seulement. Rien à voir entre les deux rives : Houesai, au Laos, avec ses bicoques en bois et chemins encore en terre à certains endroits, et Chiang Kong, beaucoup plus urbanisée. Le nombre de voitures et magasins, l’écriture thaï et la circulation à gauche nous rappellent aussi le changement de pays !
Nous prenons un bus et rejoignons Chang Rai en début d’après-midi, profitant du reste de la journée pour organiser l’itinéraire de notre périple en moto prévu pour les jours suivant !
Le soir, détente au Night Bazar, immense marché de nuit très animé où l’on peut admirer les danses thaïlandaises tout en dégustant crickets et vers de terre... Bon appétit !
Le lendemain, nous décidons de partir à moto pour une balade dans la région. Notre première destination est la ville de Mae Chan, à 30 km de là , vers le nord. Sur la route nous visitons un geyser et une source d'eau chaude, mais c’est surtout les villages de minorités ethniques, éparpillés et perdus dans la montagne, que nous recherchons. Non pour nous y arrêter, car nous ne voulons pas déranger les habitants, mais pour les admirer et admirer les paysages, montagneux et sublimes. Et se balader à moto (encore une petite 110cc si populaire partout en Asie du Sud-Est) sur ces superbes petites routes de montagnes est vraiment très plaisant, même si c’est parfois assez chaud !
Nous continuons en direction de Doi Mae Salong, petite ville d’altitude, où nous déjeunons, puis redescendons vers Doi tung. Dans ces montagnes aux routes plus que sinueuses (même pour nous, haut-savoyards !) se sont réfugiées beaucoup de personnes issues de tribus qui ont été expulsées de Birmanie. Ici elles vivent très pauvrement et simplement, loin de l’exploitation touristique que l’on constatera, plus tard, dans des endroits plus accessibles aux cars de touristes...
Après bien des virages et des frayeurs, nous voilà à plus de 1000m d’altitude et quelques kilomètres en contrebas de Doi Tung. Ici se trouve la villa de la Reine, avec un magnifique jardin de fleurs où l’on crée de nouvelles espèces d’orchidées. Le lieu est très reposant.
La nuit approchant et manquant d’essence, nous décidons de ne pas grimper jusqu’à Doi Tung mais de rejoindre Mae Sai, la ville la plus septentrionale de Thaïlande, à 40 km de là , par la voie rapide. La moto trace (pointes à 110 km/h !) et nous arrivons à la nuit tombée pour observer le Myanmar (la Birmanie) en nous disant qu’un jour il faudra qu’on y aille… On se trouve une guesthouse charmante, faîte de petits bungalows encastrés à flanc de montagne, sur plusieurs étages. C’est étonnant, les chambres sont sommaires (mais pour 100 baths soit 2 €…) mais mignonnes.
Le lendemain matin, après avoir visité une petite usine de taille de jade birman, nous enfourchons de nouveau la moto, destination le célèbre "Triangle d’Or" ! Les paysages, au lever du jour, sont paisibles. Nous admirons les rizières qui nous entourent sur plusieurs kilomètres.
Nous arrivons à Sop Ruak, village tout proche du Triangle d’or, endroit où s’opère la jonction de la rivière Mae Nam Ruak et du Mékong, et d’où l’on jouit d’une perspective sur les trois pays (la Thaïlande, le Myanmar et le Laos) en même temps. Ici, aux confins de ces trois pays, se sont déroulés de très importants trafics d’opium. Cette substance était réputée pour valoir plus que de l’or, et était payée en or, d’où le surnom de "triangle d’or" donné à cet endroit.
Si l’on grimpe au sommet du Wat Phat Pukhao, en empruntant un gigantesque escalier décoré de très beaux nâgas, la vue est magnifique.
Au musée de l’opium, on apprend tout ce qu’il est possible de savoir sur cette plante (le paver sommiferium), sa culture, sa récolte, les différentes manières de la consommer, les pipes, et l’histoire du triangle d’or. De très belles photos et objets y sont exposés.
Sur la route qui nous ramène, par Chiang Saen, jolie petite ville en bordure du Mékong, à Chang Rai, un panneau indiquant "Hilltribe Village, tribu Hakka", nous interpelle. Il nous semble étonnant qu’un village de minorité, que nous avons jusqu’à maintenant trouvé presque cachés dans les montagnes, soit fléché. Nous flairons le côté touristique mais décidons d’aller voir ce qu’il en est. Nous trouvons d’abord un petit village Hakka, très beau, avec ses petites maisons en chaume et les chemins de terre.
Mais, plus loin, on est très choqués car nous arrivons au "Hilltribe Village". Vous payez 200 baths (4 €) l’entrée et avez le droit de visiter 5 villages de tribus, véritablement parquées ici, toutes à côté, et qui prennent les poses pour les photos !
Cela nous révolte de voir l’exploitation touristique que les thaïlandais se permettent, notamment face aux femmes de la tribu des Karen, les "femmes girafes", car ils connaissent leur potentiel d’attrait touristique. Ces personnes, qui ont le statut de réfugiés et ne peuvent travailler, sont en quelque sorte obligées d’accepter.
Les villages sont beaux, mais nous n’arrivons pas à apprécier.
Après coup, nous sommes ravis d’avoir pu visiter la région à moto, par nous-mêmes et pas avec un "trek" vendu partout et qui nous aurait sûrement conduit à visiter de tels endroits, si peu authentiques et immoraux.
Nous repartons directement de Chiang Rai, afin d’arriver vers 19 heures à Chiang Mai.