Dix heures du matin, le bus nous emmène loin de San José, direction Palmar Norte au sud du pays d'où nous rejoindrons ensuite BahÃa Drake (située sur la péninsule de Osa). Nous avons des places assises, ouf, une bonne trentaine de personnes passeront debouts les 6h pénibles de ce trajet (il fait très chaud et moîte)... Accéder à cette partie du pays demande effectivement quelques efforts, mais heureusement les paysages traversés sont beaux. Plus nous apporochons du sud plus les montagnes et canyons vertigineux cèdent la place aux plantations de palmiers et bananeraies, aux petites villes paisibles et rivières bordées de quelques cahutes en bois.
15h30, nous arrivons à Palmar Norte et ne savons trop comment passer le temps en attendant le bus de 17h pour Sierpe où nous devons passer la nuit. On se retrouve dans un bar on ne peut plus typique, entourés de locaux déjà bien éméchés mais toujours aussi sympathiques, de ces moments du voyage insolites et informels...
Ca y est, le voyage prend fin pour aujourd'hui à Sierpe, petite bourgade paisible à l'environnement agréable, située sur le RÃo Sierpe. Nous devrons attendre demain matin pour rejoindre BahÃa Drake en bateau.
Les locaux nous ont recommandé de nous rendre tôt à l'embarcadère mais cela s'avère inutile, il y aura de la place pour tous dans la lancha qui part à 11h30 vers Drake. La péninsule de Osa, destination isolée et chère du pays, attire une clientèle de touristes passionnés de nature et plutôt aisés, nous faisons plutôt tâche avec nos sacs à dos et notre réservation dans un des seuls petits hôtels de la baie, qui facture 4500 colonès (6 euros) la nuit... La majorité des touristes sont fraichement débarqués de l'aéroport et rejoignent de beaux lodges tout confort.
La traversée en bateau sur le RÃo Sierpe est très belle, nous observons les mangroves recouvertes de jungle et même un petit singe à tête blanche qui court sur les rives. Puis voici l'océan sur lequel le petit bateau, surchargé, tangue dangereusement.
Apparaissent les côtes de la péninsule de Osa, péninsule qui abrite les plus belles étendues de forêt tropicale de la côte Pacifique, le sublime parc Corcovado et des sites exceptionnels de plongée aux alentours de l'Isla del Cano. En parlant plongée, voici de beaux dauphins qui nagent à proximité du bateau, génial...
L'environnement est grandiose ici, sauvage. Certes, les plages ne sont pas exceptionnelles (du sable très foncé , des cailloux et une eau loin d'être limpide) mais ce n'est pas pour elles que l'on vient, et la baie de Drake n'en est pas moins magnifique, isolée, sauvage et entourée de forêt tropicale, de palmiers, de jungle et de ses bruits inquiétants et prometteurs...
Nous débarquons sur la plage et rejoignons nos petites cabines (que nous avions réservé, c'est préférable ici), bien sommaires comme nous nous y attendions mais correctes. Autour des cabanas quelques oiseaux colorés gazouillent et de gros lézards ainsi que quelques iguanes, plus rares, se sauvent à notre approche. La beauté de la nature et la faune abondante nous laissent présager une magnifique journée au parc Corcovado !
Après nous être renseignés dans les lodges et avoir réservé une sortie plongée pour demain, l'après-midi est déjà bien avancée. Nous profitons un peu de la mer puis rentrons tôt, sachant qu'il nous faudra nous lever tôt le jour suivant.
Le lendemain, nous sommes presque aussi matinaux que le soleil et profitons de la plage et de la belle lumière qui l'éclaire pour nous seuls avant de rejoindre d'autres plongeurs, direction l'île del Cano. La balade de 30 minutes pour y parvenir est très belle, longeant une forêt tropicale intense qui borde quelques petites criques attirantes, et, cerise sur le gâteau, nous avons la chance d'apercevoir quelques dauphins à proximité du bateau.
Ca y est, nous approchons des spots... La réserve biologique Isla del Cano comprend une île de 326 ha mais aussi 2700 ha d'océan dont les eaux abritent une faune abondante et notamment de nombreux requins et baleines.
La visibilité est géniale, l'eau est chaude, bref, les conditions sont idéales et les requins à tête blanche au rendez-vous des deux plongées ! Ce n'est pas un ou deux requins que nous apercevons mais des groupes de 5 ou 6, magnifiques et nous frôlant presque. Ils sont sublimes et d'une telle aisance ! Vraiment, un seul mot pour décrire ces plongées avec les requins, spectaculaires !
Ils nagent à proximité de gros bancs de poissons, cherchant sûrement la meilleure tactique pour s'en rassasier. Partout nous croisons ces bancs de poissons et des énormes thons, mais aussi quelques raies stingers très bien dissimulées dans le sable et une belle tortue...
La faune est variée et abondante, citons parmi d'autres les poissons anges, porcs-épics, guitares, ou encore les garden-hills (anguilles qui se dressent tout droit dans le sable puis se rétractent brusquement)... De quoi s'en mettre plein les yeux !!!
Nous ressortons ravis, d'autant que le panorama extérieur est presque aussi beau que les fonds sous-marins. Après un petit pique-nique sur l'île, plus qu´à profiter des paysages composés de forêts tropicales épaisses, de belles plages et d'une eau qui, à la différence de BahÃa Drake, s'avère ici complètement translucide. Trop beau !!!
Chemin inverse, il est à peine 14h quand nous rejoignons BahÃa Drake. Sieste sur la plage, baignade, lecture dans ce bel environnement (exception faite de la couleur de l'eau...) avant de réserver une excursion au parc Corcovado pour demain.
Le jour suivant, nous sommes plus matinaux encore que le soleil, c'est le prix à payer pour explorer le parc Corcovado dans les meilleurs conditions. Notre petit groupe est constitué de deux autres voyageurs sympas et dynamiques et d'un guide naturaliste qui se révelera génial pour dénicher les animaux.
Le petit bateau à moteur longe les côtes qui séparent BahÃa Drake du parc, dépassant de belles criques sauvages et isolées, pour nous déposer une heure plus tard à la Sirena, l'un des trois postes de gardes forestiers du parc, celui d'où partent les sentiers du parc les plus réputés pour l'observation de la faune.
Il fait très chaud, très moîte et nous transpirons déjà à 7h du matin ; heureusement la nature éblouissante nous fait vite oublier ces conditions un peu pénibles. D'entrée de jeu, alors que nous sommes encore à proximité de la plage, nous croisons un beau coatis, un gros oiseau doté d'un bec jaune et de magnifiques papillons et lézards.
Les lieus sont sauvages, le parc difficilement accessible et reculé et de ce fait la nature y est intacte et préservée. Heureusement, la déforestation qui débuta ici en 1960 fut stoppée en 1975 lorsque la zone fut déclarée parc national. Aujourd'hui, ce sont, entre autres animaux, plusieurs espèces de singes et le plus grand nombre de aras que compte les parcs du Costa Rica que nous pouvons observer, et à plusieurs reprises ! Les singes araignées étendent leurs immenses membres qui semblent s'allonger indéfinimment et sautent d'arbres en arbres pendant que les aras, splendides, volent parfois par dizaines dans les cieux. Nous avons en plus la chance de distinguer, grâce aux jumelles de notre guide, un beau toucan.
En effet, mieux vaut venir ici avec un guide car le parc est dangereux et il n'est pas recommandé de s'y rendre seul, plusieurs personnes y meurent chaque année, de désydratation, mordues par des serpents qui peuvent se cacher partout ou, cela c'est déjà vu à de rares reprises, attaquées par des requins marteaux qui élisent domiciles dans les rivières peu profondes que les malheureux ont tentés de traverser. Et quant on distingue à peine les yeux des crocodiles qui émergent de celles-ci, on se dit qu'effectivement il ne vaut mieux pas s'aventurer à les traverser...
Nous marchons depuis plusieurs heures déjà , passionnés par la jungle tropicale et notre guide qui n'a pas son pareil pour trouver les animaux. Souvent, il s'absente de longues minutes et s'enfonce à leur recherche, suivant des traces, jusqu'à ce qu'il revienne nous chercher. Il a en effet débusqué un magnifique tapir qui se repose dans une marre de boue, caché au milieu de la jungle, quelle rencontre ! Quelle journée de toute façon ! Plus tard nous observons avec ravissement la plus petite espèce de singe du parc, les singes babouins, dont les petits, minuscules sur le dos de leur mère (à peine plus grande qu'eux), tiendraient dans la paume de la main !
De toute façon, tout au long des 6h de marche que nous effectuerons, ce sera de constantes rencontres avec une faune magnifique. En une journée, nous verrons plus d'animaux dans ce parc qu'en plusieurs jours dans le reste du pays. Peut-être une question de guide et de chance, c'est certain, mais pas seulement ; ce parc est l'un des plus beaux du pays, d'ailleurs qualifié par le national géographique comme le "lieu biologique le plus intense de la planète".
En tout cas il restera à nos yeux le plus beau parc du pays que l'on ait visité. Certes, cela demande des efforts de venir jusqu'ici, mais quelle récompense ! Alors que nous étions déjà émerveillés, notre guide apercoit, au sommet d'un arbre, un magnifique paresseux qui se repose, la tête repliée sur son corps. Nous le distinguons parfaitement grâce aux jumelles, depuis le temps que nous rêvions d'en observer un !!!
La journée passe en un clin d'oeil même si nous aurons beaucoup marché dans des conditions un peu pénibles (dûes à la chaleur car la marche en elle-même est très facile). Après un pique-nique en bord de mer nous repartons dans les bois nous imprégner une dernière fois de ce paradis naturel et rencontrer les singes hurleurs...
Comment qualifier cette journée ? Tout ce dont nous attendions du Costa Rica se trouve en fait réuni ici, dans ce lieu souvent non exploré des touristes, aux alentours de BahÃa Drake. Observer dauphins, requins et tortues en plongeant, trois espèces de singes, un paresseux, un tapir, de magnifiques aras et un toucan, des crocodiles, des coatis, des papillons colorés, iguanes... et en deux jours seulement ! Waaaaaaaouuuuuu !!!
Le lendemain, grasse matinée (on est vannés après ces deux jours intenses) puis nous préparons ce site, profitons d'internet (présent même ici !) et bouquinons. La pluie nous rattrape, écoutant notre baignade à la plage, plongeant la baie dans une pénombre prématurée. Ce n'est rien, ces lieux nous ont déjà tellement offerts...